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L'art des noeuds

L'art des noeuds

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Le principe de base est qu'à chaque situation particulière correspond un noeud idéal, et rarement deux. Prenons un exemple courant : mettre bout à bout deux cordages. Sur un bateau, on aura le choix entre cinq ou six noeuds différents, selon que l'amarrage est définitif ou temporaire, que les cordages sont de même section ou non, ou qu'ils sont plus ou moins raides... En montagne intervient un paramètre supplémentaire: la corde est susceptible d'être soumise à un choc violent. Or, un noeud constitue un point dur dans un ensemble élastique, et il y a risque de rupture en ce point, sauf si l'on conçoit un noeud faisant précisément office d'amortisseur.

L'utilisation d'un type de cordage implique donc la mise en oeuvre d'un noeud spécifique. Cela explique que certains noeuds soient tombés dans l'oubli en même temps que certains cordages disparaissaient, par exemple le noeud de carrick, destiné à mettre bout à bout les cordages de très gros diamètre qui composaient les gréements des anciens grands voiliers. En montagne, c'est l'emploi de nouveaux accessoires qui condamne certains noeuds depuis que l'on porte des harnais, le noeud d'encordement n'est plus utilisé, de même que le noeud Prusik s'est effacé devant la généralisation des poignées autobloquantes. Et qui a encore l'occasion de lier un sac de chanvre à l'aide d'un noeud de meunier ? A l'inverse, l'apparition de nouvelles matières synthétiques a nécessité la mise au point de nouvelles techniques d'amarrage et de matelotage.

Dans certains cas, les méthodes se sont simplifiées à l'extrême. Ainsi les cordes en polypropylène tressées d'une manière si lâche que, pour les terminer en oeillet il suffit de passer deux ou trois fois l'extrémité du cordage à travers le maillage de la tresse elle-même. Dans d'autres cas, paradoxales conséquences de la modernité, les choses se sont compliquées. Les drisses des voiliers modernes, par exemple, sont fabriquées dans des cordages en matériaux composites, comme le Kevlar. Leur allongement sous forte traction est dérisoire, radis il est difficile d'y exécuter noeuds, surliures et autres épissures la matière glisse sous les doigts et ne se laisse pas courber sans résistance. Quelques rares gréeurs sont capables de réaliser des épissures compliquées dans ce genre de cordages ; certains skippers têtus y exécutent des surliures sophistiquées, compostes d'une couture et de nombreux tours jointifs. Mais, dans la plupart des cas, l'oeillet qui termine ces drisses est bloqué à l'aide d'un manchon serré sous presse hydraulique... dans un atelier spécialisé.

La modernité conduit éventuellement aussi à des résultats opposés à l'effet recherché! Comme sur les parapentes, ou l'utilisation de matières synthétiques rares a permis de réduire considérablement le diamètre des suspentes. Le but était de favoriser la pénétration dans l'air de ces dernières, et par là même d'améliorer la portance de l'aile. En réalité, il s'est révélé que ces cordelettes si fines avaient tendance à vibrer. Et ce phénomène avait des conséquences si néfastes, en termes d'aérodynamique, que mieux valait, en définitive, revenir aux bonnes vieilles suspentes en nylon !


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